Electricité De Fr...ic!
Une étude réalisée par
Antoinne Bonduelle en 1996 sur
les exportations françaises de courant montre que tous les pays de la communauté
européenne ne paient pas l'énergie électrique qu'ils importent au même tarif. Par
exemple les espagnols la paieront 40% moins cher que les suisses. Ce tarif préférentiel
permet de garder une mainmise sur le marché de l'électricité espagnol en pariant sur
des jours meilleurs au niveau de l'économie de ce pays afin que les tarifs puissent
augmenter et donner une rentabilité à l'affaire. De la part d'E.D.F.(Electricité
de France) c'est un investissement à long terme, un pari sur l'avenir dont personne ne peut dire s'il est
pertinent ou non.
On comprend mieux alors la décision gouvernementale de donner
un coup d'arrêt au projet de construction d'une ligne à très haute tension traversant
les Pyrénées, pour des motifs soi-disant écologiques. Cette décision tombait à point
nommé pour redorer le blason verdâtre déjà bien décoloré de l'Etat et pour soulager
E.D.F. d'un projet dont les bénéfices estimés se dépréciaient jour après jour, tout
en évitant de froisser la susceptibilité espagnole. De là à dire qu'E.D.F. aurait
soufflé l'idée au gouvernement...
L'étude nous montre aussi que nous payons
nôtre électricité, en tant que particulier, deux à trois fois plus chère que les pays
vers lesquels elle est exportée. Et après on viendra nous soutenir qu'E.D.F., en tant
que service public, fait tout pour que les usagers soient traités sur un même pied
d'égalité, qu'ils résident aux abords des villes ou dans des zones déshéritées.
En fait E.D.F. se comporte comme une entreprise classique. Elle
fait des bénéfices là où elle a le monopole du marché, et des rabais là où elle
veut le gagner. Dans cette optique, l'Europe libérale, débarrassée de tous carcans
monopolistiques d'entreprises opportunistes, est une échéance qui pousse E.D.F., et les
autres entreprises appartenant au service public dont l'avenir est similaire, à gagner un
maximum de part de marché. Car après l'échéance Maastrichienne, libéré de toute
réglementation, la bataille concurrentielle sera rude, et seul celui qui pèsera le plus
lourd dans la balance de son secteur pourra s'imposer et survivre.
Pour ce faire, E.D.F. augmente ses capacités de production,
augmentant du même coup la quantité de déchets nucléaires dont notre descendance
héritera. Rappelons que ces déchets, enterrés dans des endroits où les médias vont
rarement jeter un oeil (peut-être par peur de le perdre!), auront perdu la moitié de
leur nocivité dans 24 360 ans...
De plus nous n'avons encore démantelé aucun réacteur. Il nous est donc impossible de chiffrer le coût du nucléaire et l'impact qu'il aura sur la nature à long terme. Mais ceux qui profitent
actuellement de cette poule aux oeufs d'or n'auront plus mal aux dents quand leurs petits
fils n'auront même plus besoin de s'arracher les cheveux face à cet épineux problème,
puisque le taux de radioactivité ambiant alors atteint s'en chargera à leur place.
Enfin, E.D.F. bradant son énergie cela rend très difficile le
développement d'
énergies alternatives qui pourraient paraître
compétitives si le coût de l'énergie nucléaire n'était pas sous-évalué comme il
l'est actuellement. Mais qui peut dire que ce n'est pas un fait exprès et que les
maîtres des deux principales énergies mondiales, le pétrole et l'électricité, ne
suivent pas une politique qui a pour but de maintenir le monopole qu'ils ont sur la
planète, faisant fi des conséquences écologiques qui se profilent et qui ne peuvent
plus être ignorées depuis le sommet de Rio (juin 1992)? Voilà où peut mener le
libéralisme quand il est appliqué à des domaines où la santé publique est en jeu,
mais où le profit et les parts de marché prévalent.
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