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Les dernières actions marquantes du gouvernement qui ont eu un réel effet sur notre vie quotidienne sont, hormis la suppression partielle de la vignette automobile, le passage du temps de travail à 35 heures, la CMU (Couverture Maladie Universelle), les emplois-jeunes et l'aide aux personnes âgées dépendantes qui devrait être adopté incessamment. Présenté comme un progrès indéniable par les instigateurs, accepté avec frilosité par les organisations syndicales mais soutenu par l'opinion publique comme une évolution naturelle vers une société meilleure à l'image de ce que nous promettaient les muses du néolibéralisme, cet ensemble de choix politique a aussi comme point commun un financement insuffisant. En ce qui concerne le financement de 35 heures, le déficit cumulé pour 2000 et 2001 serait compris entre 27 à 32 milliards de francs. Il est à souligner que ces chiffres ne sont pas démentis par le ministère concerné. Le Forec (fonds d'allègement des charges spécialement créé pour financer les 35 heures) est alimenté par tout un tas de sources, depuis les recettes fiscales du tabac et de l'alcool, qui devait servir à alimenter le Fonds de réserve des retraites, en passant par une contribution sociale sur les bénéfices des entreprises les plus riches (CSB), une taxe sur les véhicules des sociétés, une partie de la taxe spéciale sur les conventions d'assurances et par la taxe sur les activités polluantes (TGAP). Mais la liste non exhaustive de ces impôts divers et variés ne suffisant pas à boucher le trou, Bercy a eu l'ingénieuse idée de recourir à un moyen que dénonce le président du MEDEF, appelant cela un emprunt. Il s'agirait en fait pour le gouvernement de donner à l'ACOSS (Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale) la capacité de s'endetter à auteur du déficit engendré par la mise en oeuvre des 35 heures, ce qui aurait permis de faire porter le chapeau du "trou" à la sécurité sociale, et non pas à la réduction du temps de travail. Ernest-Antoine Seillière ainsi que, une fois n'est pas coutume, tous les syndicats s'opposent vigoureusement à une mesure qui recourt indirectement au marché financier et finalement, à la masse des cotisants.
Le fait de prendre des mesures à court terme dans une optique électorale
n'a rien de glorieux. Mais les hauts responsables patronaux ont beau jeu de
crier au loup devant ces tours de passe-passe fiscaux. Ils ne proposent rien
pour contrecarrer les effets sociaux néfastes d'un libéralisme effréné qu'ils
soutiennent.
Le politique voit sa marge de manoeuvre se rétrécir de jour en jour,
contrairement à celle des magnats de la finance et des grands patrons des
multinationales. Il agit donc sur les seuls leviers qui restent à sa
disposition afin de sauver la face devant une population de plus en plus
éloignée des vrais centres de décision. Mais cette action au coup par coup,
ce tâtonnement dont la motivation n'est que l'échéance électorale finira par
dévoiler sa vraie nature, celle de l'impuissance d'une volonté politique,
quelle qu'elle soit, dans un monde ou l'action est devenu financière, où la
santé économique d'un pays dépend du taux de sa monnaie, où les dirigeants sont devenus des gérants de filiales et les fédérations politiques
d'Etats nations que l'on nous promet, comme en Europe, ne seront en fait qu'une
fusion commerciale comme le prouvent les faits. Nous nous trouvons face à une
vive opposition. D'un côté nous avons un pouvoir politique qui se réduit
comme peau de chagrin et que les citoyens élisent toujours, en général, de
façon démocratique, et de l'autre nous avons un pouvoir financier et
économique, fait de quelques grandes banques et multinationales, dont les
principaux dirigeants se réunissent lors de meetings dont personne ne parle,
comme ceux des Bilderberg ou de la Trilatérale.
Ces derniers sont la plupart du temps des actionnaires interdépendants et ces
sont eux qui, par l'intermédiaire de lobby noyautant des organisations comme l'OMC
ou le FMI, détiennent indirectement les rênes de la politique de nations soit
disant indépendantes.
Mais les groupes de pression sont aussi présent au niveau national, comme le montre les déconvenues
auxquelles à du faire face le rapporteur socialiste, Jean
Pierre Baligand. Ce dernier s'était engagé à contraindre les
spécialistes qui vont gérer l'épargne salariale à rendre compte de leurs
pratiques en matière sociale, environnementale et éthique. Malgré que
d'autres pays européens aient adopté cette contrainte, les lobby financiers
et le mutisme complice du cabinet de Laurent Fabius ont
suffit à l'évincer de notre arsenal législatif. Mais lorsque l'heure des
comptes sonnera, il y aura toujours des responsables qui se targueront de ne pas
être coupables...
L'impression que nous avons face à la succession d'hommes politiques de partis opposés dont l'action se ressemble, face à l'évolution de la courbe du chômage qui semble plus se calquer à celle de la valeur de change de l'Euro et à la croissance plutôt qu'a une quelconque action politique intérieure, face aux déballage d'affaires qui rythment plus les débats politiques que les vraies questions de fond devant lesquels ces hommes sont impuissants de par leur manque de courage et d'union, et ce à cause d'intérêts partisans et carriéristes, cette impression générale ne fait que confirmer la décrépitude d'un système qui, s'il ne réagit pas, court à sa perte.
D'autres personnes voient dans la situation économique américaine actuelle une saturation de la consommation qui sera à l'origine du prochain conflit mondial.
Les cabrioles de Bill Clinton et
sa grâce envers Marc Rich (un richissime
homme d'affaires qui s'est réfugié en Suisse en 1983 pour échapper à des
poursuites liées à une évasion fiscale de quelque 48 millions de dollars) ont
distrait les américains.
Mais si le scandale entourant l'amnistie de Rich fait l'objet d'une enquête en
profondeur, on lui trouvera des liens avec George Bush senior et bien d'autres
affaires. Un million et demi de dollars versé par l'ex-épouse de l'homme
d'affaires à différentes causes démocrates et clintoniennes aurait servi à
acheter la grâce accordée par l'ancien président américain. La Société
Financière Internationale - le département de la Banque Mondiale chargé des
prêts au secteur privé dans les pays en développement - a rendu publique un
rapport qui fait état des relations entre Marc Rich et les frères Tchernoi,
deux magnats de l'aluminium en Russie. La société des frères Tchernoi - Trans
World Metals Companies - fait l'objet d'enquêtes judiciaires en
Allemagne et en Suisse, ainsi que d'un procès au civil aux Etats-Unis, dans
des affaires de blanchiment d'argent sale, de corruption et d'extorsion de
fonds. Dans un livre publié en 1992, Paul Klebnikov, qui collabore aussi au
magazine Forbes, estime que Marc Rich a probablement versé des pots-de-vin à
des amis influents et des bureaucrates en Russie pour effectuer des transactions
juteuses non seulement sur l'aluminium, mais aussi sur les céréales, le
sucre et l'équipement industriel.
Le plus surprenant c'est que des personnages évoluant dans des univers totalement différents comme l'ancien premier ministre israélien, Ehud Barak, mais aussi le roi d'Espagne Juan Carlos sont intervenus en faveur de Marc Rich. Cela laisse présager certaines accointances qui relient la politique, l'économie et la mafia. L'argent sale est un des fléaux que nous a amené la mondialisation, par le biais du la criminalité internationale. Cet argent passe dans les mêmes banques ou les mêmes paradis fiscaux qui hébergent les capitaux des multinationales. Des établissements comme la Bank of America, JP Morgan et Chase Manhattan participaient au blanchiment d'argent sale en toute connaissance de cause comme le montre un rapport du sénateur démocrate américain Carl Levin. Quand l'administration Clinton a tenté de renforcer les contrôles, les banquiers, relayés par les républicains aujourd'hui au pouvoir, ont fait échouer le projet.
Mais il ne faut pas en vouloir à Marc Rich qui n'est qu'une des victimes d'un système, car selon un rapport des Etats Unis : « le développement des syndicats du crime a été facilité par les programmes d'ajustement structurel que les pays endettés ont été conraints d'accepter pour avoir accès aux prêts du Fonds monétaire international. » Le Fonds monétaire international (FMI), ainsi que la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) - nom originel de ce qui est devenu le groupe de la Banque mondiale - sont placés sous la tutelle étroite du département américain du Trésor. Les décisions importantes sont validées par un vote un peu particulier. 182 Etats composent le FMI et la Banque Mondiale mais seulement 8 Etats ont le droit de prendre part au vote. Ces pays sont, dans l'ordre de leurs droits de vote, les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Russie, la Chine, et l'Arabie saoudite. Washington ne possède que 17,87 % de voix, ce qui est proportionnel à sa cotisation, mais les décisions doivent être entérinées par une majorité de 85 % ! Les Etats-Unis possèdent donc une majorité de blocage, à l'image de l'Europe qui détient 22,6 % des voix, mais qui n'a jamais eu l'idée de s'en servir pour imposer, par exemple, sa politique sociale.
En fait, la boucle
est bouclée. Les Etats-Unis mènent le monde
à la corruption et au chaos par l'intermédiaire d'institutions qu'ils
dirigent, avec la complicité d'Etats sans volonté politique, qui n'ont plus
aucun projet. Ces nations font confiance à un marché dirigé par des milieux
financiers qui n'ont reçu aucune investiture démocratique ou légitimité
électorale. La boucle est d'autant plus bouclée que l'on retrouve dans
l'entourage de George W. Bush la vieille garde de son père qui fréquente des
organisations déjà citées comme les Bilderberg (BB), la comission Trilatérale
(TC), et le Conseil des Relations Etrangère (Council Foreign Relation-CFR) :
Sources :
Les Echos, n° 18.364 du vendredi 16 et samedi 17 mars 2001.
Le Monde, 22-02-01, Le financement des 35 heures coûterait à l'Etat près de 30 milliards de francs de plus que prévu.
Swissinfo, pour l'affaire Marc Rich, http://swissinfo.org/
Le Monde Diplomatique, http://www.monde-diplomatique.fr/, pour les déclaration du sous-commandant Marcos et le fonctionnement du FMI.
Alternatives Economiques, n°190, mars 2001.
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