L'argent
ou
l'illusion du pouvoir
Les gouvernements,
les multinationales et les organisations criminelles ont un point commun
: l'argent. Les hommes
et les partis politiques, dont l'objectif premier est la conquête du
pouvoir, se doivent d'avoir un soutien financier qui leur permette d'y accéder.
Ce soutien, provenant soit de grandes entreprises soit de personnes possédants
les dîtes entreprises, leur permettra de faire campagne. Ce sera aussi
une garantie pour le donateur d'une fidélité du bénéficiaire
aux engagements qu'il aura pris. L'homme politique qui sait que la victoire
passe par une communication efficace, et donc onéreuse, dépend
entièrement des milieux financiers qui peuvent faire ou défaire sa
carrière à volonté.
La présidentielle à
la corbeille
On peut encore en faire le constat cette
année aux États-Unis, où John
Mc Cain et Bill Bradley, pour
des raisons qui doivent autant à la tactique qu'à leurs convictions,
se sont engagés à réformer le système de financement
des campagnes électorales, présidentielles et législatives.
Mal leur en a pris dans un pays où même les parlementaires du
congrès profitent de financements intéressés. Il nous
est tout de même permis de douter de la sincérité des
candidats susnommés quand on sait que le démocrate Bill Bradley a bénéficié de la manne de compagnies
telle que Citigroup,
Merrill Lynch, Goldman Sachs,
et Morgan Stanley, et que le républicain
JohnMc Cain, président du Senate
Commerce Committee, a été commandité par
US West, AT&T,
Viacom, Boeing et
Bank of America, des groupes en lien étroit avec le comité
qu'il préside.
Les deux candidats
restant en lice pour les présidentielles 2000 américaines
étaient le vice-président
Al Gore et
le gouverneur du Texas,
George W. Bush.
En 1999,
George W Bush a soulevé 37 millions de dollars en quatre mois - avant une primaire simple - plus que l'ensemble de ce que
Bill Clinton et
Bob Dole ont levé pour leurs campagnes respectives de 1995 et de 1996.
Le démocrate
Al Gore bénéficie principalement des largesses de la
National Education Association, de la
Walt Disney Company et de
Loral Space and Communications. Cette dernière compagnie a tiré bénéfice du desserrement de l'administration de Clinton vis-à-vis des restrictions qui concernaient la vente d'équipement de haute technologie en Chine. On peut noter à ce sujet que dès 1996,
Henry Kissinger
a été engagé auprès de la société
Walt Disney comme consultant sur les
activités liées à la Chine.
Al Gore obtient également l'argent de
Goldman Sachs et
Citigroup, aussi
bien que d'
Ernst and Young et
Bell South.
Le républicain
Bush est soutenu
par
Philip Morris,
AT&T,
Atlantic Richfield,
et
Archer Daniels Midland pour ne citer
que celle-là. Il n'est pas surprenant que les plus grands donateurs
professionnels de
G. W. Bush soient des
compagnies de l'état du Texas, comprenant
Enron Corporation et la famille
Bass.
Finance, sociétés secrètes et terrorisme
On a la surprise de constater que des entreprises
qui, à priori, ont des objectifs différents, puisqu'elles soutiennent
des candidats de partis opposés, se retrouvent main dans la main à
d'autres niveaux.
En 1996, les membres de l'organisation
Bilderberg se réunissaient à Toronto.
Andreas Dwayne (USA), président de
Archer Daniels Midland, soutien des républicain, côtoiera
Peter D.Sutherland, président
de
Goldman Sachs International, soutien
desdémocrates.
Henry Wendt, quand
à lui, est un des directeurs de
Atlantic
Richfield, et il est membre du groupe frère des Bilderberg,
la Commission trilatérale.
Le vice-président
Al Gore est la
marionnette obligeante de son patron, le Président
Clinton. Ce dernier est un Trilateraliste à long terme
quia été promu au groupe Bilderberg en 1991, à Baden Baden,
en Allemagne.
George W. Bush a pour conseillers en
politique
étrangère
Richard Pearle
et
Richard Armitage, tous deux membres
de longue date des Bilderberg. Son père, l'ancien Président
George
Bush, avait une place de choix auprès de ces organismes plus
ou moins secrets, secret garanti par la complicité des
médias. Cette complicité n'est pas une faveur mais bien
une mesure de précaution. Le journaliste américain
Allan Francovich n'est plus là pour en témoigner.
Il enquêtait sur l'assassinat du premier ministre suédois
Olof Palme. Il est officiellement décédé
le18 avril 1997 alors qu'il passait la douane de l'aéroport de Houston,
en vue de rencontrer l'assassin du premier ministre qu'il avait réussi
à retrouver.
Olof Palme avait pour
intention de poursuivre la démilitarisation de la Finlande et, entre
autres choses, de fermer deux stations d'écoute électronique
stratégiques pour l'OTAN. Le 25 février 1986, trois jours avant
l'assassinat de Palme, le
Grand maître de la Loge
P2 Licio Gelli adresse
un télégramme au Republican National Committee et au membre de
la P2 Philip Guarino, indiquant : "
L'arbre
suédois va tomber. Dites-le à notre bon ami Bush.
"
Mais le fils Bush
a aussi ses amis. Le banquier saoudien Khaled Bin
Mahfouz a effectué des versements au profit d'associations
caritatives proches du "terroriste" Ussama Bin Laden.
Il est aussi centre du scandale de la BCCI
(Bank of Credit and Commerce International) qui a été mise en
liquidation en 1991. Cette banque est accusée de corruption, de
financements
occultes et de blanchiment d'argent. Khaled BinMahfouz
a détenu 20% des parts de cette banque où il occupait un rôle
central entre 1986 et 1990. Son représentant aux Etats-Unis,
Abdullah Taha Bakhsh, possédait 11,5% de la société
dont George W Bush était directeur
et conseiller : Harken Energy. Cette entreprise
a bénéficié d'investissement provenant de la
BCCI avec la bénédiction, et surtout la signature
de Abdullah Taha Bakhsh.
George W Bush (le fils) a détenu,
entre1990 et 1994, des parts de la société
Caterair, une filiale du groupe Carlyle
où siège George Bush (le
père), et qui est l'une des principale sociétés contributrice
à la campagne de George W Bush
(le fils). Khaled Bin Mahfouz
a une influence dans Carlyle puisqu'il
y a des intérêts. En effet, il possède la
Prime Commercial Bank, un établissement financier pakistanais
implanté à Lahore, dont le directeur
Sami Baarma figure au conseil de Carlyle.
Est-il besoin de poursuivre la démonstration
sur l'interconnexion entre les différents milieux cités plus
haut ?
L'éthique au panier
Mais la prise de pouvoir n'est pas le seul
objectif du politicien. Le bon déroulement de sa carrière est
une préoccupation bien plus essentielle. Dans ce métier, les
hommes passent, mais doivent assurer leurs arrières quand ils ne sont
plus sur le devant de la scène. Cela n'est possible que si leur action
politique ne va pas à l'encontre de ceux qui sont à même
de les embaucher par la suite. Mais comment peut-on rendre compatible l'action
d'un mouvement politique sensé agir pour le bien du peuple qui élit
ses représentants, et être en accord avec la logique libérale
qui est loin d'être satisfaisante en ce qui concerne le bien-être
de l'ensemble des habitants de la planète ? Comment un technocrate,
employé dans le service publique le temps d'une majorité politique,
peut avoir une action visant à améliorer ce dit service, ce
qui, de toute évidence, est contraire à l'intérêt
des compagnies privés ?
C'est la pirouette audacieuse que l'ancienne secrétaire générale
adjointe de l'Elysée, Anne Lauvergeon
, réussie en devenant associée gérante de
Lazard Frères, membre du conseil de
Pechiney, pour finir directrice générale adjointe
d'Alcatel Télécom. Jean-Charles Naouri, ancien directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy, ministre des finances, devient,
quant à lui, associé gérant de la banque
Rothschild, un poste qu'occupe également
Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d'Edouard
Balladur.
En ce qui concerne
Françoise de Panafieu, Ambassadeur Délégué Permanent de la France auprès
de l'UNESCO, Adjointe au Maire de Paris), ancienne candidate àl'élection pour la mairie de Paris, ces appuis pour la campagne autant que ses arrières en cas d'échec étaient assurés.
En effet, elle a le privilège de côtoyer de nombreuses personnalités
du milieu économique français en tant que membre de l'
ASPEN France.
Cette organisation est présidée par le membre créateur d'ASPEN France également membre d'
ASPEN Institute aux États-Unis
Olivier MELLERIO, et le poste de Vice-Président est occupé par
Patrice VIAL, le Président Directeur Général de la banque
Morgan Stanley SA dépendant de la famille
Rothschild. D'autre part, existe au sein de l'ASPEN France, un conseil d'orientation rassemblant des Bilderbergers dont le bien connu moteur de l'Union Européenne
Jacques Delors et le Président de
Lafarge,
Bertrand Collomb.
Les compagnies privées
ne sont ni bienfaitrice, ni masochistes. Celui qui a perdu dans cette histoire
ne peut être que le service public,et par delà la cohésion
de la nation, la cohésion des peuples qui composent toutes les nations.
Mais tout cela serait compréhensible
si les grandes associations criminelles n'assuraient pas le recyclage des
fabuleux profits tirés de leurs activités avec la complicité
des milieux d'affaires et l'opposition apparente de politiciens fantoches qui
profitent de façon induite ou directe du système.
Les profits engendrés par les affaires du crime organisé, hors
frais de blanchiment, sont estimés à 350 milliards de dollars
par an. Cet argent est investit en bourse, là où les bénéfices
seront rapides et élevés, contribuant à grossir une bulle
financière déséquilibrant les unes après
les autres les places financières de la planète.
Les activités de ces organisations sont hors la loi et leur action
sur les milieux financiers est dangereuse pour la stabilité économique
du monde. Mais on se doit de rajouter que l'action qu'elles ont sur l'argent
qu'elles manipulent n'est même pas profitable au développement
économique puisque les investissements qu'elles effectuent n'ont qu'un
but : le profit maximum en un minimum de temps.
Offshore, of course !
La classe politique coupable de faire semblant d'agir contre ces pratiques
nuisibles, a tout intérêt à laisser le système
en l'état. Les pots-de-vin sont monnaie courante dans le milieu des
grandes compagnies, comme nous l'a encore montré récemment
l'affaire ELF, mais qu'en est-il des commissions
occultes dans le milieu criminel ? Ces deux milieux sous les dorures des
établissements qu'hébergent les paradis fiscaux. Les déclarations
de principe pullulent sur la conduite à adopter devant les receleurs
de l'argent du crime, de l'argent noir du sport, de l'industrie du spectacle
ou de la mode, les complices de la fraude fiscale des particuliers ou des
multinationales. Mais comme ce sont ces mêmes paradis qui servent d'intermédiaires
au financement de certains partis politiques, ou qui profitent à des
sociétés qui font travailler le peuple, garantissant ainsi la
paix sociale, le statu quo est de rigueur.
Le FMI n'a de cesse d'intervenir pour contraindre certains pays à adopter
les "bonnes" règles de conduites économiques,encourageant
untel par un prêt conséquent, punissant tel autre par un embargo,
et ce au mépris des populations. L'OMC ne se gêne pas pour
contraindre
l'Union Européenne à calquer sa réglementation sur la
libérale Amérique. Les États-Unis, entre autres, ne se
privent pas d'en référer au droit d'ingérence quand le
comportement d'un pays n'est pas en accord avec l'idée qu'ils se font du nouvel ordre mondial.
Il m'est difficile de croire que la mise au pas des paradis fiscaux dont
95 %sont d'anciens comptoirs ou colonies qui sont restés sous la protection
des britanniques,des français, des espagnols, des néerlandais
ou des américains est impossible. Tout comme il m'est difficile de croire que
l'instauration de la taxe Tobin sur les échanges boursiers purement
spéculatifs qui aurait pour effet de limiter ces derniers soit inefficace
ou inapplicable.
Conclusion
Notre société moderne court après cet argent qui nous
donne l'illusion du pouvoir et de la liberté. Mais la vérité
est que la majorité des gens, des nations, des compagnies sont prisonnières
de leurs dettes et que nombre de médias, de politiciens ou de chercheurs
sont redevables ou dépendant de ceux qui les soutiennent financièrement.
C'est pour ces raisons qu'il me paraît évident que l'argent n'est
en fait qu'un instrument de contrôle.
Le 21 novembre 1933, le président américain
Franklin D. Roosevelt écrivit à
un confident : « La vérité en ce domaine est, comme vous
et moi le savons, que dans les grands centres un élément financier
possède le gouvernement, et ce depuis le temps d'Andrew Jackson.»
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Sources :
The Spotlight (Désormais disparu - remplacé par American Free Press - http://www.americanfreepress.net )
Le Monde Diplomatique, février 2000 et avril 2000
Le Monde, 12-13/10/1997
The Buying of the President 2000, Charles Lewis