Haro sur l'Euro

 

Une arme contre l'hégémonie américaine, les prémisses d'une monnaie globale organisée de longue date, ou le cheval de Troie des multinationales... nous allons tenter de savoir ce que signifie réellement la mise en place de la monnaie unique, au delà des spots infantiles que l'on nous présente.  

 

L'Euro avant l'Europe

Il de coutume de justifier la précipitation de l'apparition de l'Europe financière, grillant la priorité à l'Europe politique, par l'hégémonie grandissante de l'économie américaine. Bien que cette dernière soit actuellement dans une mauvaise passe relative, la guerre que se livrent les deux continents est impitoyable, donnant lieu à tous les coups bas, comme l'espionnage tous azimuts incarné par le réseau Echelon

Echelon :
Le parlement de Bruxelles dit disposer de preuves incriminant la NSA et Echelon dans au moins deux affaires industrielles ayant tourné en faveur des États-Unis : la perte d'un marché de 1,4 million de dollars par Thomson au profit de l'Américain Raytheon dans le domaine des radars au Brésil et le contrat perdu par Airbus en Arabie au profit de Boeing Mc Donell Douglas.  L'enquête de Duncan Campbell qui a révélé au monde entier, en 1998, l'existence d'Echelon est maintenant disponible sous le titre " Surveillance électronique planétaire " aux éditions Allia.

Mais contrairement à l'influence connue d'Echelon sur l'économie de l'Europe (voir ci-contre), il y a des fléaux qui ravagent soudainement l'union européenne sans que les raisons qui sont avancées expliquent la précipitation et l'accumulation des évènements.  

C'est le cas des deux crises agricoles majeures que sont celles de la vache folle et de la fièvre aphteuse qui viennent se greffer sur une agriculture subventionnée à outrance. 

L'armée européenne n'est toujours pas créée, ce qui justifie l'intervention de la logistique américaine dans les conflits naissant aux portes de l'Europe, cette dernière héritant ainsi de quelques juteux marchés de reconstruction d'après-guerre. L'absence d'un fort leadership politique européen laisse la porte ouverte aux influences extérieures et aux conflits ethniques qui se multiplient à l'est de la frontière des quinze. Si l'Europe veut être fédératrice, elle doit s'en donner les moyens.
L'absence d'une réelle politique commune, si ce n'est d'une réelle politique tout court, l'indépendance des institutions bancaires européennes (voir Partie 1), et l'imitation du modèle libéral américain sont en grande partie les causes des déconvenues actuelles de l'union européenne.  

500 Euro
Mais il est une autre cause des déconvenues de l'Europe, c'est l'Euro. Ce dernier sera en 2002 la monnaie unique de 375 millions d'Européens. L'influence et la force qu'il prendra lorsqu'il sera effectivement en circulation inquiète les américains. Il faut savoir que le dollar et l'euro, quasiment à parité, sont les monnaies phares des marchés, et le vainqueur de cette guerre financière prendra le contrôle sur l'argent dans le monde, ce qui va dans le sens logique de la globalisation. Cette monnaie échappe de plus en plus aux gouvernements qui l'ont créé, et qui n'auront plus, à terme, le pouvoir de battre monnaie. Cette opération se fera seulement dans certaines usines dont on va restreindre le nombre et dont l'emplacement va être choisi dans une optique de rentabilité. On va à l'encontre des désirs de Thomas Jefferson, qui avait bien compris ce problème.


« Le pouvoir d'émettre l'argent devrait être retiré des banques et redonné au gouvernement à qui il appartient. »
Thomas Jefferson


 La valeur de l'euro a l'avantage d'être en partie soutenue par l'or, alors que celle du dollar à l'inconvénient d'être minée par une dette gigantesque. On peut noter que la baisse du prix du pétrole, dont l'OPEC est soit disant la seule responsable, coïncide avec la crise américaine actuelle. Toujours est-il que le pétrole est une matière première négociée en dollars, et maintenir son prix bas permet du même coup de maintenir une certaine activité dans l'économie américaine. 

Mais les attaques viennent aussi de notre propre camp. Selon le journal allemand Frankfurter Allegemaine, un plan conçu par les banques centrales du G7 pour intervenir sur le marché des changes étranger au secours d'un euro fragile a capoté suite à une fuite. Le journal Nexus décriptent les "relations" qui existent entre la Citibank, dont l'opération a profité à Moore Capital Investment, cette dernière opérant pour un groupe d'investisseurs européens présidé par Louis M. Bacon, personnage actionnaire de Apex Silver Mines Limited. Mais d'autres investisseurs au nom célèbre comme Soros Paul, le frère aîné de George Soros, qui a participé à la réunion 2000 des Bilderberg, ou Thomas Kaplan sont connus pour être proche des Rothschild

 

Vers une monnaie globale


« Laissez moi émettre l'argent d'une nation et son contrôle et je me moque de quiconque fait ses lois...! »
Nathan Mayer de Rothschild


La famille Rothschild contrôlait, en ce début de siècle, la moitié des biens de ce monde, et entretient depuis des générations des liens exceptionnellement étroits avec la Banque d'Angleterre. Pour bien comprendre le fonctionnement de ces institutions, il nous suffit de faire un court détour historique. Il est reconnu que les Rothschild ont financé, par exemple, les deux camps de la guerre civile américaine de 1861 à 1865. Le financement des gouvernements par les banques suit le principe qui veut que l'on ne doit pas prêter de l'argent qu'à un seul pays. Il faut agir de même avec le pays adverse. Le prêteur doit s'assurer que les deux pays sont d'égale puissance pour qu'en cas de conflit, le financement soit le facteur déterminant. Si un pays ne paie pas, le prêteur menacera ce pays de guerre par l'intermédiaire d'un autre pays. Si le premier pays refuse toujours de payer, le prêteur mettra la mainmise sur lui en se servant de l'autre pays qui fera du premier pays son butin de guerre.

500 EuroNexus poursuit en notant que des liens existent bel et bien entre ces personnalités qui font ou défont l'économie et la finance mondiale : 
" Escroquerie, manipulation et vol qualifié à une échelle qu'il est quasiment inimaginable de comprendre sont le lot quotidien de ces titans financiers. (...) Que ce soit le dollar américain ou l'euro qui gagne finalement la partie n'aura pas beaucoup de conséquences pour la plupart d'entre nous. Il est sûr que dans un futur proche l'argent tel que nous le connaissons cessera d'exister. A la place, il y aura un argent "sans espèces" sous forme électronique ou numérique. Par conséquent, les gouvernements cesseront d'avoir leur mot à dire sur la mise en circulation de l'argent. Ce sont les banques qui commanderont librement."   

Si l'on n'avait pas lu les lignes qui précèdent, on pourrait s'étonner à la lecture de l'article publié dans The Telegraph, en date du 19 septembre 2000. Ce dernier met en avant des documents qui sembleraient montrer une intervention des services secrets américain dans les années 50 et 60 en vue d'encourager la fédéralisation de l'Europe. On pourrait se demander quel intérêt pourraient avoir les américains à se créer un sérieux concurrent économique. A qui profite réellement cette unification, qui pousse les services secrets à intervenir ?
En 1948, l'American Committee for a United Europe (comité américain pour une Europe unie) fut créé. Cet organisme finançait le Mouvement Européen, une organisation fédéraliste, et une de ses branches, la European Youth Campain (campagne de la jeunesse européenne). La majeure partie du financement de ces mouvements provenait des fondations Ford et Rockfeller


« Nous sommes sur le point d'une transformation globale. Tout ce dont nous avons besoin est une vraie crise majeure et la Nation acceptera le Nouvel Ordre Mondial. »

David Rockefeller 


Il faut savoir que dés la fin du 19ème sciècle, les Rothschild d'Europe financèrent la Standard Oil Co. de John D. Rockfeller, et de nos jour, l'empire Rockfeller est la principale source de financement du CFR, de la Commission trilatérale et du Club de Rome

Quant à Ford, ce fut jusqu'en 1936 l'une des firmes américaines impliquées dans la construction de la machinerie de guerre allemande. Des Griffin dans l'ouvrage Descent into slavery nous éclaire sur les tribulations qui précédèrent ces années : 
" Le temps était venu, c'était l'automne 1929, où les banquiers internationaux devaient appuyer sur le bouton qui allait déclencher la Deuxième Guerre mondiale. Après avoir trahi même leurs agents et leurs amis en provoquant artificiellement un boom d'actions, ils détruisirent la base du système et précipitèrent les Etats-Unis dans une profonde crise. Les années suivantes virent le développement économique se ralentir dans le monde entier jusqu'à ce que, pratiquement, plus rien ne marchât. "

Dr Anthony C. Sutton poursuit dans Wall Street and The Rise of Hitler
" l'apport fourni à l'Allemagne, avant 1940, par le capitalisme américain en vue de préparer la guerre ne peut être qualifié que de phénoménal. Il fut, sans aucun doute, décisif pour la préparation militaire de l'Allemagne. Des preuves permettent de comprendre que le secteur influent de l'économie américaine était, certes, lucide sur la nature du nazisme, prêt à l'aider et à le soutenir financièrement par intérêt personnel, pleinement conscient que cela finirait par une guerre où seraient impliqués l'Europe et les Etats-Unis. (...) En connaissant les faits, il est impossible de plaider l'ignorance. Les preuves très soigneusement établies qui attestent que les milieux bancaires et industriels américains étaient largement impliqués dans la montée du troisième Reich sont maintenant accessibles au public. On peut les trouver dans les comptes rendus et les rapports sur les auditions du gouvernement publiés entre 1928 et 1946 par les différentes commissions du Sénat et du Congrès."


Il est inquiétant de voir, comme nous avons pu le constater, certains noms ressurgir dans l'actualité alternative. Pour éviter que l'histoire ne se répète, il est temps d'en comprendre les tenants et les aboutissants. Là où l'on avait cru que la déprime économique provoqua la guerre, on s'aperçoit que cette déprime n'était pas naturelle, que la guerre était prévue et financée, et que toute cette manipulation ne profitait en fait qu'à un groupe restreint de personnes. 

 

Journée de l'Europe : " Alors, Euro...? "

Dans le prolongement de la journée de l'Europe, le 9 mai dernier, je vous propose d'aller à contre-courant du discours officiel dont les arguments supportés par des campagnes publicitaires prennent plus de place dans nos quotidiens que le débat ou les idées sur l'évolution de l'Europe. On nous promet trois avantages majeurs à l'apparition de l'Euro dans notre vie de tous les jours. 
Le premier est la simplicité. En effet, lorsque nous voyagerons à l'intérieur de l'union européenne, nous n'aurons plus à effectuer la tâche fastidieuse qui consistait à faire le change préalablement, et ensuite à calculer en permanence le prix en Franc des produits que l'on voyait sur les étalages étrangers. 
Le second est la stabilité. L'Euro qui est le résultat d'une unification d'un ensemble de monnaie a pour objectif prioritaire, par l'intermédiaire du contrôle de la Banque Centrale Européenne, la stabilité des prix.
Le troisième est le projet politique. L'Euro est le premier pas vers l'unification politique des pays, un signe tangible de l'appartenance à une communauté.

Pour que ce séduisant programme se réalise, on oublie de dire qu'il est nécessaires pour les nations de l'Union monétaire de ramener à un certain niveau les dettes publiques, les taux d'inflation, les déficits budgétaire et les taux d'intérêts à long terme de leurs pays respectifs. La recette généralement employée pour arriver au résultat escompté fut la réduction budgétaire, orientée plus particulièrement sur les programmes sociaux, sanitaires et éducatifs. Pour être honnête, il faut souligner qu'en France, malgré l'augmentation du nombre d'emploi non qualifié et flexible, la mise en place de la couverture maladie universelle et des 35 heures a limité la casse sociale, mais à quel prix et pour combien de temps ? On se doit tout de même de souligner que le taux de chômage en France a doublé en vingt ans pour les hommes (de 4,4 % en 1980, il est passé à 8,8 % en 2000), et est passé pour les femmes de 9,5 % à 11 %. La recette européenne laisse un goût amer aux italiens qui, toutes catégories sociales confondues, ont été obligés de mettre la main à la poche, sans compter l'état de leur industrie qui devient une proie facile pour des investisseurs étrangers.
Le non respect de la partition européenne expose d'une part les états à de lourdes amendes, et d'autre part conditionne leur politique à celle de la Banque Centrale Européenne (BCE). Cette dernière abroge le droit des états à dévaluer leurs monnaies, à modifier leurs taux d'intérêts ou à s'autoriser des déficits budgétaires temporaires. Toutes ces mesures faisaient office de manettes qui, manipulées avec dextérité, permettaient aux gouvernements de réagir face aux problèmes économiques qui pouvaient frapper leur pays. La BCE centralise ce pouvoir et l'européanise. Du coup, si les états veulent profiter des actions de la BCE, ils sont obligés de s'aligner sur le modèle d'État idéal que définissent les critères de convergence. La monnaie, en l'occurrence l'Euro, est régie par un organisme non élu et indépendant, n'ayant de compte à rendre à personne.


Si l'on supprime la devise nationale comme soupape de sécurité, les gouvernements devront se concentrer sur les changements concrets à effectuer pour devenir plus compétitifs : impôt plus bas, flexibilité du marché du travail et cadres réglementaires plus favorables à l'industrie.
Ravi Bulchadani, économiste chez Morgan Stanley
" The Euro - Special Report ", Business Week, 27 avril 1998


Dans le milieu de l'industrie, les fusions-acquisitions qui se sont multipliées ces dernières années ne vont faire qu'augmenter. Le montant global des fusions et acquisitions d'entreprises de la zone a augmenté de 23 % pour l'ensemble de l'Union en 1999. En 2000, on compta 2 386 acquisitions, ce qui correspond à une augmentation de 53 % par rapport à 1999. Si l'Euro ne sera pour le citoyen qu'une réalité en 2002, c'en est déjà une pour le monde économique. Les possibilités de fluctuation des monnaies qui rendaient périlleuses les activités internationales n'existent plus au sein de la zone Euro, et le développement d'infrastructures de transport comme le réseau transeuropéen (TEN), comprenant 150 projets pour un budget estimé à 400 milliards d'écus, accélèrent les restructurations des entreprises dans une optique d'économie d'échelle. Par exemple, Reebok International réduit disposait de 14 entrepôts de distribution pour son marché européen en 1995. Depuis le 1er janvier 1999, date de la naissance de l'euro, il n'en reste plus qu'un. Ce sont ce genre de mesures qui, en plus d'être défavorables à l'environnement (un recours accru aux moyens de transport accroît la pollution attenante), sont préjudiciables à l'emploi et dont se délectent les milieux financiers comme le signale fièrement le site officiel de Reebok : " Reebok a fini l'année 2000 comme meilleur titre boursier du S & P 500 avec une augmentation de 234%. "

Europe polluée ou Europe politique ?La délocalisation des entreprises dans les régions les plus compétitives va s'accélérer grâce à la comparaison instantanée du rapport coût-bénéfice. Le nombre d'entreprises transnationales est passé de 40 000 au milieu des années 1960 à 63 000 en 1999 dans les quinze pays les plus développés du monde. L'évaluation comparative, terme qu'affectionne les néo-libéraux dans le sens où il est moins explicite que le mot compétitivité, bien qu'il signifie la même chose, va pouvoir s'appliquer pleinement. Si les réglementations nationales ne se relâchent pas pour atteindre le niveau de celle qui sont les plus libérales en Europe, toutes les entreprises qui le peuvent délocaliseront leur production dans les pays de la zone euro où les contraintes sont les moins rigoureuses. Les États qui privilégient la protection sociale par le bais de prélèvements excessifs aux yeux des entrepreneurs (mais quel que soient le niveau de ces prélèvements, ils seront toujours jugés excessifs tant qu'ils n'auront pas atteint le degré zéro) seront obligés de plier, sans quoi ils risquent de voir leur territoire se transformer lentement en un vaste supermarché. 


Confrontés à la concurrence, les élus finiront, pour tenter d'attirer des investissements créateurs d'emplois, par baisser les impôts industriels et moderniser les réglementations.
Jürgen Schrempp, PDG de DaimlerChrysler
" Why we believe in Euro ", Newsweek, numéro spécial, novembre 1998 - février 1999


Comme le souligne si justement David Bowers, stratège d'équité européenne pour Merrill Lynch & Co, la monnaie unique européenne n'est qu'un " Cheval de Troie " (" The Euro - Special Report ", Business Week, 27 avril 1998). Sous ses apparats de simplicité et de stabilité, symbolisant par la même la communion des membres de l'union européenne, l'euro est le plus fourbe et le plus rapide des moyens pour introduire des changements structurels qui profiteront aux multinationales mais qui auront des conséquences sociales et écologiques dont nous ne pourrons que constater l'ampleur. Keith Richardson, ex-secrétaire général de l'ERT (Table ronde des industriels européens, groupe de pression représentant 45 multinationales européennes et dont les idées sont relayées par le Groupe consultatif de compétitivité (CAG) qui a ses entrées au prés des membres de la commission et du parlement européen), ne cache pas ses priorités : 

" Notre travail consiste à dire que les gains probables ont beaucoup plus d'importance... Notre rôle n'est pas de faire des discours sur l'unité politique de l'Europe. "


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Sources :

Nexus, n° 13, mars-avril 2001

Europe Inc., Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires européens, collectif d'auteur, Agone Editeur, 2000

Alternatives Économiques, n°192, mai 2001



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